Marc Uzan a ceci de commun avec Jean Girel et Daniel de Montmollin que la technique nourrit l’œuvre au lieu de la dessécher. Comme eux, Marc Uzan fait plus que de calculer des formules ; il les éprouve à travers le tamis de ses nerfs et de sa sensibilité. Ainsi de son rouge de cuivre par exemple, résultant d’une quarantaine d’essais effectués au dixième de pour cent près avec rigueur et méthode, ce qui ne l’empêche pas de faire l’éloge …du défaut.Par quel mystère le travail en amont sur les formules s’efface-t-il pour laisser apparaître dans ses pièces récentes une sorte d’évidence poétique ? Ces grands vases que nous connaissons de lui, rappels d’un plasma et d’un magma rêvé, sont l’expression du dépassement que la poésie réclame. A la réalité des poudres et oxydes, elle répond par la violence, la folie ou la grâce d’une palette.
Dans la radicalisation technique de la démarche d’Uzan on peut deviner la volonté de repousser le rêve céramique : « Pour aller plus loin, nous confiait-il, il faut comprendre mieux ».Michel Le Gentil | Catalogue de l'exposition Terres de feu - Brest 2006