L’adhésion aux céramiques de Marc UZAN est immédiate tant leur qualité est évidente. C’est d’abord l’exacte qualité des glaçures, la densité et la somptuosité de leur matière qui s’imposent. Les formes sont pleines, assurées et affichent une manière de nécessité qui en fait des œuvres de perfection intemporelle. Toutes qualités qui dénotent un artiste doué, maître de lui et appliqué. Marc UZAN est animé par un esprit expérimental, patiemment et délibérément expérimental. Il est bien peu de voies de la céramique de haute température qu’il n’ait délibérément parcourues, sachant depuis toujours que l’œuvre qui répond aux attentes les plus universelles des amateurs, est celle qui associe à ses qualités esthétiques une réelle qualité technique. Pour partie, ces voies de recherche sont balisées par des œuvres d’illustres ou inconnus potiers de terre du passé, autant savants que poètes. Ces références-là donnent la mesure qui doit présider aux recherches nouvelles. Hors tout académisme, hors tout suivisme. Marc UZAN ne répugne pas à des recherches longues et très précises pour trouver sur ses graphiques, l’exacte position dans l’assemblage des matériaux, qui lui donnera un rouge de cuivre intense, pigmenté, tendu, ou un jaune à l’éclat intense, sans acidité, ou des cristallisations à grandes mailles, ou une fourrure délicate, toujours sans accident de tenue, sur des pièces de porcelaine, au profil ample, équilibré, longuement épurées, affinées. Mais cet esprit rationnel sait aussi que pour trouver, pour découvrir, chemin faisant, la nouvelle et singulière qualité pressentie, il lui faut un brin d’audace, de la réceptivité à l’inattendu, et laisser dans les procédures, dans les cuissons, une part d’aléa, car, comme le mot qui arrive soudainement dans l’écriture spontanée, donne au poème une heureuse tonalité, les hasards et les accidents même, au long de l’activité créatrice, conduisent à d’heureux résultats que la seule rationalité n’aurait jamais permis d’atteindre. Marc UZAN a une vision déterminée et optimiste de son art. Et il puise cette recherche de perfection et d’équilibre, non pas dans la projection de sa subjectivité, mais dans une heuristique adéquation entre les lois de la nature, la connaissance et la maîtrise des transformations céramiques, avec ses propres jugements artistiques. Il s’en suit un art du silence, quasi minimaliste mais évidemment chargé d’humanité conquise, humble et rayonnante.Bernard Courcoul | Biennale du Grand Pressigny - 2001